Kroskel

Ma rencontre avec Scheena Donia. Une femme inspirante et un mentor pour Kroskel

Va, vis et deviens maman | Introspection KROSKEL

Va, vis et deviens maman | Introspection KROSKEL

L’épisode 187 publié par Bliss Stories raconte Scheena Donia et le début de son histoire en tant que mère. Je suis la fondatrice de Kroskel et je suis aussi une mère. Et aujourd’hui je vous raconte ce qui est ressorti de l’écoute de cet épisode puissant et émouvant.

Ma rencontre avec Scheena Donia. Une femme inspirante et un mentor pour Kroskel
« Ces univers et ces mondes qui se matérialisent et qui en prenant chair éloignent la peur et élargissent le champs » Hier soir à 01h00 du matin, à l’heure habituelle où je me couche, j’ai décidé de commencer l’écoute de l’épisode du Podcast bliss-Stories avec Scheena. Vous pouvez trouver l’épidose ici : https://bliss-stories.fr/2022/10/24/ep187-scheena-mere-adolescente-va-vis-et-deviens-maman/

« Va, vis et deviens maman !» 

J’avais un peu hésité à le démarrer parce que autant je trouve qu’élever un être humain est l’une des choses les plus difficiles et exigeantes qui soit, autant j’ai toujours eu une sorte de conviction que c’était une opération à huit clos, solitaire et obligatoirement unique de par le caractère distinct de l’enfant à éduquer. Hier soir à 01h00 du matin j’ai donc commencé mon écoute et à 02h30 lorsque l’épisode s’est terminé, je suis restée encore un moment dans un état de semi-conscience pour continuer à explorer tout ce que cela avait éveillé en moi. 

D’abord les voyages

Ma rencontre avec Scheena Donia. Une femme inspirante et un mentor pour KroskelAvec la voix, je suis allée au Gabon, à Libreville et pendant les vacances dans son petit village. Je me suis glissée dans la vie bouillonnante des femmes, dans le grand théâtre social. Je me suis assise dans ces grandes salles et j’ai écouté ces cousines parler de tous ces interdits, de celles qui les avaient bravés, de celles qui ne pouvaient qu’écouter, de celles pour qui ça n’avait pas été si grave, de celles qui avaient fait d’autres choix. Des vies multiples, brulantes, des choix multiples et légitimes.  Sur ces terrasses, j’ai vécu les gifles sifflantes, douloureuses mais jamais remises en cause. Dans cette salle de consultation, j’ai vécu l’évidence, la certitude et en même temps la stupéfaction, le basculement. La voix m’a entraînée dans les lieux, dans les corps, dans les émotions, dans le regard des autres, dans les coups de foudre, toujours avec une sérénité et une assurance telles que jamais je n’ai eu peur des portes que cela ouvrirait en moi. J’ai voyagé et j’ai adoré. 

Donner de la chair aux incongruités et à cet autre humour maîtrisé sur le continent 

La voix de Scheena donne vie à des scènes qui peuvent être perçues par une personne peu avertie comme très violentes ou même traumatisantes. On l’accompagne tout le long du chemin après la rencontre avec le gynécologue, avec sa mère qui ne peut s’empêcher d’évacuer sa stupéfaction par des coups et de l’humiliation. La scène est vécue et racontée très étrangement et très fidèlement. Au-delà des mots, on comprend le dialogue. Les coups qui expriment la colère, la déception, la peur de ce nouvel inconnu jamais anticipé et donc terrifiant d’incertitudes. Les coups qui expriment le sentiment d’échec, la honte d’avoir, dans sa veille, manqué de vigilance et que ce manquement ait détruit notre précieux. Ma rencontre avec Scheena Donia. Une femme inspirante et un mentor pour KroskelLes coups sont reçus, acceptés. Il n’y a pas de résistances, il n’y pas de remise en question. Dans le silence des mots et la violence des coups chacun joue son rôle. Demain quand il naîtra, l’avenir sera à nouveau lisible et serein mais aujourd’hui que je ne le sais pas, laisse-moi vivre la transe de ce chamboulement. La voix nous emmène dans une seconde scène qui pourrait avoir sa place dans le film « les larmes du soleil » (ou n’importe quel autre film américain où l’Afrique n’est que souffrances et pleurs et glauque). La maternité est plongée dans le noir, les infirmières filent des baffes et insultent les jeunes primipares, la grand-mère en devenir est quelque part dans la ville, sur son trente-un et dans sa trentaine, en total déni face à la désormais certitude de son nouveau statut et habitée par une inquiétude sourde pour cette enfant si prometteuse.  Le corps pousse, le bébé est là. Le coup de foudre arrive sans surprise, pas pour la maman mais pour la grand-mère. Combien de fois je l’ai vu, ce coup de foudre immédiat. Ces nouvelles grand-mères qui s’accordent le droit de vivre un amour décomplexé avec ces petits enfants, alors que l’idée de leur arrivée les a terrorisées. Comme si les limites que les circonstances de la naissance les ont obligées à dépasser avaient rendu dérisoire le besoin de se plier à la pudeur démonstrative que demandent nos sociétés. La voix nous le dit mais de cela je me souviens. Pour ces petits enfants, souvent, l’amour c’est du “en veux-tu en voilà”. On pourrait se concentrer sur ce nouvel amour entre la première et la troisième génération, mais au centre de cette scène, au final banale en ce lieu car rejouée des milliers de fois, un voyeur sans pudeur reluque et vit son moment. Il est là et a toujours été là pour nettoyer la salle. Avec le temps, il a fait partie des meubles et personne ne lui accorde plus un regard. Personne, sauf la jeune primipare de 17 ans. Chez nous, nous rions de cela. Sans que je ne sache expliquer pourquoi. La vie devient un théâtre géant où l’incongruité de la situation lui confère un côté hilarant qui prime sur la précarité, la douleur, les individus et les espoirs. J’ai ri et je ris encore de ma sœur ainée qui a mordu la main de ma mère de douleur lors de son premier accouchement. J’ai ri et je ris encore de ma sœur cadette à qui toutes les infirmières ont dû demander de se calmer parce qu’elle criait « trop » pendant son premier accouchement. Ce rire partagé avec elles est salvateur. Il grave ces moments dans nos mémoires avec une telle profondeur et une telle agréabilité que chacune de nos filles retournera accoucher sans craintes et avec la certitude qu’après la douleur le rire arrivera. Pendant que j’écoute la voix, je ris avec Scheena, nous devenons un nous, ce lieu nous appartient et ces femmes me sont familières.  

L’absence de jugement envers soi ou envers les autres 

La voix nous raconte une jeune femme brillante qui tombe enceinte à 17 ans et une année plus tard laisse son enfant avec ses deux grands-mères pour poursuivre sa quête. La voix nous raconte ensuite une jeune femme toujours aussi brillante qui tombe enceinte une seconde fois à 21 ans et laisse à nouveau son enfant à sa mère pour continuer sa quête. Scheena Donia porte le trench Vedova Nera à ParisLa voix nous raconte aussi l’absence des pères, d’une génération à l’autre, qui est balayée d’un haussement d’épaules. Il n’y a rien. Pas de jugements, pas d’attentes. C’est un évènement et un choix. La voix balaie la conséquence. La voix balaie ce que la société raconte sur la conséquence de cette absence et poursuit son chemin. C’est un évènement et un choix. Avec ou sans père, la vie continuera et sera tout aussi belle. Et pendant que la voix nous raconte ces deux naissances et ces deux décisions, la voix ne juge pas, la voix ne culpabilise pas, la voix raconte et c’est tout.  Au final qu’il s’agisse d’avortement, de l’idée perçue qu’il faut absolument vivre avec ses enfants, de la conception de ce qu’est un foyer équilibré, de la réaction et de la présence des pères, l’épisode offre une liberté surprenante en ne remettant jamais en question l’évidence et la légitimité de ce qui a été et est. C’est une vie, on la vit comme on le souhaite.  

La solitude de la maternité 

Je ne le connaitrais jamais, j’en ai bien peur. Je ne le connaitrais jamais et je pensais que ce n’était pas bien grave. J’ai accouché ici en France, deux fois déjà, avec mon homme dans la salle et avec une belle-famille aimante pour m’entourer. Mais ici personne ne connaît la loi des premiers mois d’une jeune mère. Ici personne ne me fera les massages aux infusions chaudes sur le ventre, personne ne dormira avec mon enfant et ne me tapotera l’épaule dans la nuit pour que je lui donne le sein, personne ne prendra en charge le ménage et la cuisine dans ma maison, personne ne me fera les massages à l’huile ou ne me nourrira à la cuillère à la naissance de mon bébé, personne ne chantera en s’accompagnant du son des calebasses pour commencer à remplir l’imaginaire de mon enfant. Ici, il y a d’autres bonheurs et d’autres attentions mais ce bonheur-là, je ne le connaitrais jamais. La voix m’y a fait penser, je n’y avais jamais pensé. Ma vie m’avait semblé normale. Au final c’était normal de renoncer à une chose pour en avoir une autre. C’était le lot de tous. Mais la voix m’y a fait penser et j’ai eu mal d’avoir raté cette expérience. La maternité, la première, dans nos contrées n’est pas solitaire. Les mères et bras qui portent nos enfants après nous sont nombreuses et la voix leur donne vie, la voix m’y a emmenée et à cause de la voix, je me suis souvenue de ce que je ne connaitrais jamais. Je me suis souvenue de mes deux jeunes tantes par alliance qui ont vécu leur première maternité chez nous et non dans leur foyer parce que ma mère était la fille ainée de sa famille et mon père le fils ainé. A chaque fois, pendant 3 mois, le rituel était le même. Ces femmes devenaient comme des reines ultimes. Cajolées, protégées, flattées. Les bras, les mères, les accompagnaient vers cette nouvelle vie qui serait la leur. Doucement, calmement, elles apprenaient à devenir mère dans un environnement incontesté où le droit était donné à leur corps de se remettre de la fatigue. C’était comme si on faisait durer la grossesse, comme si pendant quelques mois encore elles n’étaient pas encore tout à fait mères. Elles avaient porté l’enfant pendant 9 mois et maintenant qu’elles étaient épuisées, des mères et des mains prenaient le relais. Pendant trois mois, elles pouvaient se préparer à l’accueillir.  

Une fin en poésie – une comptine – la vie continue 

La voix murmure avec une douceur incroyable des mots venus d’ailleurs. On parle de roses et de la douleur d’une maman quand son enfant pleure. Mon cœur se rend. Mon doux bébé quand tu pleures j’ai mal. Mon doux bébé, tu sais que mon amour est infini. Mon doux bébé, pour toi, en colère ou sereine, je serai là.  

Curiosité 

L’histoire commence au Gabon et se termine en France, notre voix est une femme métisse (chose assez rare au Gabon) et ses enfants seront tous quarterons (un enfant né d’une personne métisse et d’une personne totalement blanche (ici mais mot utilisé dans différents métissages ¾). C’est très intriguant ce choix de partenaires d’une génération à l’autre. Est-ce un hasard ? Une préférence naturelle ou un choix motivé par des raisons culturelles et contextuelles ? C’est le seul sujet sur lequel je reste sur ma faim à la fin de l’épisode, tout en acceptant parfaitement l’idée que ce n’est pas le sujet du podcast et que la voix a le droit indiscuté de ne pas l’adresser.  

Ce que je ne peux pas traiter dans ce billet 

Ce que cela signifie d’avoir plusieurs mamans. C’est un sujet qui est traité dans l’épisode mais que je ne pourrai pas creuser ici sans transformer cet article en un texte infini. Un jour, j’espère, je prendrai le temps de le traiter de façon indépendante. En attendant, si vous n’avez pas écouté le podcast, je vous conseille de le faire. 
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